AAC « Approches relationnelles en philosophie » Journées d’étude des doctorant.e.s du CRHI 2-3 Juin 2022

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AAC «Approches relationnelles en philosophie»


Journées d’étude des doctorant.e.s du CRHI


2-3 Juin 2022

Argumentaire
« Au commencement était la relation. », provoque Bachelard. Provocation en effet
puisqu'elleromptàlafoisaveclapenséesubstantialiste,jusqu’alorsmajoritaire
philosophiquement, mais aussi avec la conception cartésienne du sujet.
Approcher relationnellement le monde, c'est poser les structures comme des entités
ontologiques et donner une priorité métaphysique aux accidents ou aux modes par rapport à
la substance. Dans ses versions les plus radicales, il s'agirait de donner à cette dernière le coup
degrâce. Dès lors, sommes-nous en droit, comme le propose Collomb, de repérer une
ontologie relationnelle, dans les travaux de Deleuze, Barad ou Quessada? Il conviendrait,
d’une part, d’interroger la diversité de ces projets, d’autre part d’enrichir cetteliste. C'est aussi
rompre avec l'atomisme logique, qui prête tout au plus aux entités des relations externes et
accidentelles (Russell), et se demander quelle typologie des relations peut alors être
pertinente. En rendant ainsi justice à la diversité du monde, à ses relations variables et
changeantes, en refusant les principes unificateurs que sont les concepts stables et fixes de la
substance ou ducogito, ne renverse-t-on pas laprémisseet l’idéal fixistes de la recherche
philosophique ?
La relation, prise comme concept central, bouscule également les ontologies et
théories sociales. Approcher relationnellement l’individu, c’est donner une importance
renforcée à ses relations quant à sa constitution. Un tel primat de la relation (Foucault)
mériterait, d’abord, d’être mis en regard avec celui accordé à l’intersubjectivité (Mead,
Honneth) ou à l’interaction (Goffman, Garfinkel). Il paraît, en outre, ouvrir la voie à une
explication des déterminations externes qui opèrent sur les individus ou les subjectivités. Il
endosse enfin un intérêt épistémologique prometteur, celui de jeter un pont entre sociologie
et philosophies sociale et politique. Qu’elle soit ontologique ou méthodologique, on retrouve
à l’œuvre une même visée intégrative dans le champ de l’écologie contemporaine (Harraway,
Callicott, Naess). De même, la capacité des contrats (MacNeil), si ce n’est du droit en général
(Nedelsky, Jeuland), à établir des relations, montre l’intérêt d’une telle approche.
Qu’il s’agisse du monde ou de la nature, de la société ou de l’individu, et que l’on se
situe dans le champ de la philosophie des sciences, de l’écologie ou du social, l’approche relationnelle semble ainsi gagner en importance et en extension. Mais cette progression ne
permet pas, à ce jour, de trancher entre le statut de paradigme méthodologique en
développement et celui de nouvelle ontologie de notre réalité contemporaine. C’est
précisément pour tenter de répondre à cette question que nous avons décidé d’organiser ces
journées d’étude.