19 mai 2014 - G. Longo
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- Catégorie : Histoire et philosophie des sciences
Le lundi 19 mai 2014, de 17h à 19h, le CRHI est heureux d’accueillir Giuseppe LONGO dans le cadre du séminaire La Pensée des Sciences. Rôles des pratiques épistémologiques dans la fabrication contemporaine des savoirs scientifiques. La conférence aura lieu dans la Salle de Conférence de la bibliothèque (1er étage) au Campus Carlone.
Le lundi 19 mai 2014, de 17h à 19h, le CRHI est heureux d’accueillir Giuseppe LONGO dans le cadre du séminaire La Pensée des Sciences. Rôles des pratiques épistémologiques dans la fabrication contemporaine des savoirs scientifiques.
Giuseppe LONGO
« Théories, modèles, imitations :
Schrödinger et Turing, de la Physique et de la Logique à la Biologie.
Conséquences sur un travail en cours »
Présentation du conférencier :
Giuseppe Longo est Directeur de Recherche au Centre Cavaillès (CIRPHLES), CNRS & Ecole Normale Supérieure, Paris, et Adjunct Professor, Graduate School of Cell and Developmental Biology, Tufts University, Boston
http://www.di.ens.fr/users/longo
Présentation de la conférence :
Dans le cadre de leurs travaux scientifiques, Schrödinger et Turing proposent des théories et des modèles des phénomènes biologiques qui suivent un changement de paradigme similaire. Tous les deux proposent d’abord un paradigme fondé sur l’encodage, de l’embryogenèse pour le premier, des opérations humaines de déduction pour le second, puis en viennent à une théorisation et une modélisation bien plus « dynamiques ». Dans son livre de 1944 (Qu’est-ce que la vie ?), Schrödinger propose ainsi de voir l’organisation biologique comme de la néguentropie – une variante de l’analyse par Gibbs des flux d’énergie – ce que nous avons repris sous la forme d’une anti-entropie (voir référence 2). Quant à Turing, après avoir inventé la théorie de la calculabilité, il souligne que « le système nerveux n’est certainement pas une Machine à Etat Discret (MED) » capable de calculer (1950), mais qu’il peut seulement être imité par une MED (voir référence 1). Il invente ainsi un modèle continu de la morphogenèse, fondé sur un principe d’action-réaction-diffusion (1952). Dans ce modèle, où les ruptures de symétrie spontanées jouent un rôle clé au sein d’un processus qu'il considère inhérent à l’ontogenèse, de la matière physico-chimique (du pur matériel, sans logiciel) s’organise elle-même dans des formes dynamiques. Une lecture attentive de Turing [1952] montre que l’article « réfute » (falsifies, selon ses propres termes) la vision de la morphogenèse centrée sur les chromosomes. Dans cet article, Turing anticipe une critique de la vision, qui était en train de se spécifier, de l'homoncule (pre-)dessiné et codifié dans le ADN. Cette vision, critiquée par Turing, est une approche pré-scientifique de l'ontogenèse qui encore dominante aujourd’hui.
Les conséquences les plus importantes des deux approches à la théorisation et à la modélisation biologiques seront rappelées et nous suggérerons quelques nouvelles explorations théoriques, développées principalement dans les références 1 et 2 ci-dessous. Nous donnerons également des indications sur des collaborations en cours avec des biologistes spécialistes du cancer, qui voient ce dernier comme un problème lié à la relation triangulaire entre tissu, organisme, et écosystème (voir réf. 3), et sur une possible justification de la récente phrase de Weinberg à propos de la conception dominante de la recherche sur le cancer, centrée sur l’ADN et dont il a été un des fondateurs : ''one should never, ever confuse cancer research with science'' (p. 267, Robert A. Weinberg « Coming Full Circle—From Endless Complexity to Simplicity and Back Again », Cell 157, 27 Mars 2014).
Références :
1 - F. Bailly, G. Longo, Mathematics and the Natural Sciences. The Physical Singularity of Life, Imperial College Press, London, 2011 (en français: Hermann, Paris, 2006).
2 - G. Longo, M. Montévil, Perspectives on Organisms: Biological Time, Symmetries and Singularities, Springer, Berlin, 2014.
Here is the foreword, by Denis Noble and our introduction (chapter 1):
http://www.di.ens.fr/users/longo/files/Longo-Montevil-book-forew-intro.pdf
3 - C. Sonnenschein, A. Soto La société des cellules : Nouvelle approche du cancer, Paris, 2004 (in English: Springer, Berlin, 1999).
Lieu :
UFR LASH de l’Université Nice Sophia Antipolis
Campus Carlone (98 bd Herriot 06000 Nice)
Salle de Conférence de la bibliothèque (1er étage)
Contact :
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