AXE TRANSVERSAL - Épistémologie et histoire des savoirs, des sciences et des techniques
1/ Présentation
Le CRHI entend se doter, pour le prochain contrat, d’un axe « transversal » destiné à traiter spécifiquement les problèmes épistémologiques qui surgiront dans les trois axes thématiques — qu’ils touchent à la théorie de la connaissance comme telle ou à tel ou tel moment de l’histoire des sciences et des techniques susceptibles d’éclairer les nouvelles méthodologies employées. Le terme d’« épistémologie » sera donc ici entendu en un sens large, pour désigner les différentes formes d’interrogations sur la connaissance, relativement par exemple à sa méthodologie, à l’analyse conceptuelle de la production de la connaissance scientifique, à l’histoire des concepts, des idées et des techniques, mais aussi aux enjeux éthiques de la recherche scientifique, aux rapports entre science et société, etc. En outre, les travaux qui seront ici conduits porteront à la fois sur les sciences de la nature (la physique, la chimie), sur les sciences pures (mathématique, logique), mais aussi sur les sciences humaines et sociales (la sociologie, l’économie, par exemple).
Cet axe, porté par le laboratoire mais par nature interdisciplinaire, pourra s’appuyer sur une série de collaborations déjà existantes : le CRHI a depuis longtemps noué, dans ce domaine, des partenariats privilégiés avec les laboratoires membres de la MSH Sud-Est — et se trouve notamment porteur de deux séminaires structurants de son axe 5 (Le séminaire HImaST : Histoire de l’imaginaire scientifique et technique, dirigé par Jean-Luc Gautero), et le Séminaire « Histoire et philosophie des sciences » (co-dirigé par Frédéric Patras et Sébastien Poinat), tous deux pluridisciplinaires de par leurs objets et leurs partenariats (CHRI, LJAD, MSHS). Mais il a également l’ambition d’exporter ses méthodes d’analyse et ses domaines d’expertise au-delà des travaux spécifiquement menés au CRHI — et portera, via trois de ses membres (C. Bracco, F. Patras, S. Poinat), le projet de création, au sein d’UCA, d’un Institut Fédératif de Recherche en Épistémologie (IFRÉ), qui aurait pour vocation de fédérer les activités dans le domaine de l’épistémologie.
2/ Le projet d’une recherche transversale au sein d’un Institut Fédératif de Recherche en Épistémologie
Au sein d’Université Côte d’Azur, des activités de recherche, ou d’enseignement, ou de diffusion du savoir sont menées dans le domaine de l’épistémologie, mais de la part d’enseignants-chercheurs répartis dans différents laboratoires sans qu’aucun lieu institutionnel au sein d’UCA ne les rassemble tous. Certains laboratoires comportent des équipes ou des axes de recherche entièrement dédiés à des questions d’épistémologie (le GREDEG, par exemple, comporte une équipe spécialisée dans l’histoire de la pensée), mais aucun laboratoire ne s’y concentre exclusivement. Les recherches en épistémologie se mènent ainsi conformément aux séparations disciplinaires (l’épistémologie des mathématiques est principalement traitée dans le laboratoire de mathématique, celle de la sociologie, dans le laboratoire de sociologie, etc.) Certes, certaines structures pluridisciplinaires sont de nature à accueillir des travaux d’épistémologie portant sur plusieurs disciplines. Ainsi, plusieurs projets de cette nature ont été soutenus par les différentes Académies ou par la MSHS. Toutefois, outre qu’elles ne sont pas dédiées uniquement à ce type de recherches, elles possèdent toutes un périmètre thématique propre qui les empêche d’accueillir tous les travaux en épistémologie. Au sein d’UCA, il n’existe donc pas de structure susceptible d’accueillir toutes les activités dans le domaine.
Disposer d’une structure transversale permettant de fédérer ces différentes activités présenterait plusieurs avantages :
1/ Donner davantage de visibilité à des travaux qui souffrent de leur dispersion dans les différents laboratoires — l’épistémologie étant un domaine transversal qui ne correspond pas à la structuration en disciplines du champ académique et gagne à s’en affranchir.
2/ Rendre plus poreuse la séparation de fait entre le domaine des sciences « dures » (mathématiques, sciences de la nature, informatique) et des sciences humaines et sociales, pour aboutir à une « épistémologie du savoir » du général.
3/ Susciter, ce faisant, de nouveaux projets — en organisant des rencontres et des échanges entre chercheurs parfois éloignés, en permettant des comparaisons entre disciplines qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, un site commun abritant les travaux en épistémologie pourrait permettre l’émergence de nouvelles activités, d’abord dans le domaine de la recherche, mais aussi dans celui de la diffusion auprès du grand public, et celui de l’enseignement.
De ce fait, le projet porté par l’axe transversal du CRHI pourra s’organiser autour de thématiques structurantes, avec une attention toute particulière aux axes de développement d’UCA : Programmes Structurants Transdisciplinaires de l’établissement (« interactions sociales et dynamiques complexes », « Sciences des données », « Sciences numériques, Société et Individu », « Système cognitif, normalité et pathologie du cerveau humain, neurosciences computationnelles »), Académie 2 (« systèmes complexes », Académie 5 (« Homme, idées, milieux »), axe 5 de la MSH). De ce point de vue, les travaux menés ces dernières années, au sein de la MSH, sur la notion d’incertitude, sont représentatifs d’une telle démarche, mais d’autres recherches pourront être menées sur l’émergence et la complexité, l’expérience, entre cognition et neurosciences, ou l’intelligence artificielle et ses modélisations.