Vendredi 15 et samedi 16 mars 2019 - Colloque "Rosset, l'art et les arts"
Les vendredi 15 et samedi 16 mars 2019, le CRHI organise un colloque intitulé "Clément Rosset : l’art et les arts". Cet événement aura lieu à la Faculté des Lettres, campus Carlone.
Colloque international
Clément Rosset : l’art et les arts
Communications, table ronde et témoignages
Université de Nice – CRHI, CTEL et Pavillon Bosio (Monaco)
15 et 16 mars 2019
En présence de Valère Novarina
Vendredi 15 mars 2019
Salle du conseil
Campus Carlone, Nice
9h00 : Accueil des participants
9h30 : Discours d’ouverture
Alain TASSEL, Doyen de l’UFR Lettres Arts Sciences Humaines
Carole TALON-HUGON, Directrice adjointe du CRHI
9h45
ONDINE BREAUD-HOLLAND
Professeure en philosophie esthétique – ESAP Pavillon Bosio
Clément Rosset, l’art et les arts. Pourquoi et pourquoi pas ?
10h30
SANTIAGO ESPINOSA
Professeur agrégé de philosophie, Académie de Versailles
L’art comme effet de Réel : de la tautologie à l’inexpressivité
* Pause *
11h15
ALAIN CHAREYRE-MEJAN
Professeur d’esthétique, U. Aix-Marseille
Luxe ontologique et silence des œuvres
12H00
NICOLAS ERDRICH
Doctorant Archives Poincaré, U de Nancy
La précision inexpressive. Matières d’art contre illusions esthétiques.
* Pause déjeuner *
14h00
SYLVIE BALLESTRA-PUECH
Professeur de littérature comparée, U. de Nice Côté d’Azur
Éloge de la « production hasardeuse » : Le De rerum natura de Lucrèce au miroir de L'Anti-nature de Clément Rosset
14h45
OLIVIER DUBOUCLEZ
Agrégé et docteur en philosophie, chargé de cours. U. de Liège
Faire quelque chose de rien : Rosset, Roussel et la littérature moderne
* Pause *
15H45
MARC CERISUELO
Professeur d’études cinématographiques, U. Paris-Est Marne-la-Vallée
Le réel et ses marges : Clément Rosset et le cinéma
16H30
SANDRINE MONTIN
MCF en littérature comparée. U. de Nice Côté d’Azur
Le cinéma face à la pensée de Clément Rosset. Réel, double, illusoire et imaginaire
17H30
INAUGURATION de l’AGORA CLEMENT ROSSET
18H30
REPRESENTATION DE LA PIECE DE THEATRE DE CLEMENT ROSSET
LES MATINEES SAVANTES
Samedi 16 mars
Salle de conférences de la bibliothèque universitaire - Campus Carlone, Nice
9h00
SAMIR ZOGHBI
MCF à l’Institut supérieur des arts de l’U. de Manouba (Tunisie)
L’ontologie de la musique dans la pensée de Clément Rosset
9H30
MARTINE KAUFMANN
Historienne de l'art et
Enseignante en esthétique au département de pédagogie du Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris
Ne pas en croire ses oreilles
10h15
BRUNO DAL BON
Professeur au conservatoire de Côme et chef d’orchestre
La gaieté souveraine: Nietzsche, Rosset et l’opérette
* Pause *
11h15
BERNARD LAFARGUE
Professeur d’esthétique, U. Bordeaux Montaigne
L’art double l’idiotie du réel pour « solizar » la vie
12H
AMELIE MONS
Doctorante (French Studies), U. de Manchester
Un réel idiot à l’œuvre sur la scène de Jan Fabre et de Romeo Castellucci
12H30
VICTOR THIMONIER
ATER Arts du spectacle, U. Paris X Nanterre
Pina Bausch ou la force majeure, tentative de lecture chorégraphique de la joie
* Pause déjeuner *
14h00
TABLE RONDE
Animée par Ondine BREAUD-HOLLAND
Avec
JEAN-CHARLES FITOUSSI
Cinéaste
L’approbation inconditionnelle de l’existence dans la création, ou comment construire un château au hasard.
THOMAS LEVY-LASNE
Peintre, pensionnaire Villa Médicis
Je n’ai aucun problème à qualifier ma peinture de rossetienne
HENRI OLIVIER,
Artiste, paysagiste
L’ombre, le reflet et l’écho
EMILIE VALANTIN
Marionnettiste, fondatrice et directrice de la Compagnie Emilie Valantin
« Du lisse au rugueux » ou comment Clément Rosset me hante toujours
16h30
Conclusions
Le colloque sera ponctué de témoignages de collègues, amis et anciens étudiants de Clément Rosset.
Intention
Clément Rosset a enseigné à l’Université de Nice-Sophia Antipolis de 1964 à 1998. Figure majeure de la philosophie à Nice, il est décédé le 28 mars 2018. Sa philosophie du réel a marqué toute une génération de philosophes et d’artistes qui, sous une forme ou une autre, revendiquent certains aspects de la pensée.
Le Centre de Recherche en Histoire des Idées (CRHI) aimerait rendre hommage au philosophe en abordant un aspect spécifique de son œuvre : la question de l’art et des arts dans leur rapport à la pensée philosophique. Pour ce faire, le CHRI souhaite organiser un colloque international en mars 2019 auquel seraient associés différents laboratoires de recherche de l’UCA et notamment le CTEL. Dans la mesure où l’œuvre de Rosset convoque, outre la philosophie, la littérature et la musique, la peinture et le cinéma, il serait profitable en effet de réunir des spécialistes de ce domaine. Pour le déploiement d’un appareil critique à la hauteur des ambitions esthétiques de Rosset, il serait opportun d’envisager d’emblée la présence de paroles diversifiées, fruit du regroupement de disciplines variées.
Argument
Le réel et son double est l’ouvrage le plus connu de Rosset. Le titre, il est vrai, contient les deux concepts qu’il n’a cessé d’articuler tout au long de son œuvre, dans un effort de pensée qui peut déconcerter par son originalité.
Pour faire de son ontologie une théorie, Rosset a en effet procédé de deux manières : par plongée au cœur d’œuvres philosophiques (et écrits de psychanalystes) dans lesquels il se reconnaissait — ou exécrait au contraire en raison de leurs présupposés —, et par échappées dans le domaine de la création artistique qu’il connaissait bien et pour laquelle il montrait un goût prononcé.
Prenons Tropiques par exemple et repérons, afin de les soustraire à l’ensemble, tous les passages qui témoignent, d’une manière ou d’une autre, d’une connaissance des œuvres de l’esprit, que ces œuvres relèvent du domaine de la littérature, de celui de la musique ou des arts visuels… Passé au tamis de ce geste iconoclaste, le texte s’amoindrirait. Il perdrait de sa saveur, cette saveur si caractéristique de l’œuvre du philosophe dont les choix épistémologiques se sont affirmés assez tôt, contribuant ainsi à l’instauration d’un style à part entière. A propos des thèmes qui lui sont chers (l’illusion, l’identité, le désir, …), Rosset convoque nombre de références extra-philosophiques qui participent pleinement d’un mode d’écriture. S’y expriment, outre un art de discourir, une culture. Ne pas y prêter attention serait déjà manquer l’auteur.
Or ce n’est pas tout. Tropiques se verrait amputé de deux chapitres ou presque. D’abord, celui sur Juan Rulfo. Il consiste en un commentaire que fait Rosset de l’œuvre du photographe-romancier mexicain ; commentaire, non pas furtif, au détour d’une investigation philosophique préalablement menée sur un thème donné — comme cela se produit à d’autres endroits du livre — ; mais un commentaire élaboré à partir de cette œuvre même, quoique le propos rejoigne des problématiques connues du lecteur, et quoiqu’il finisse par retourner à des principes fondamentaux que Rosset a déjà exposés, dans le droit fil des philosophes qui l’inspirent (Lucrèce, Montaigne, Nietzsche…).En ce qui concerne les œuvres des autres (romanciers, auteurs dramatiques, peintres, cinéastes, …), Rosset s’en empare souvent dans une démarche qui s’apparenterait à celle d’un critique d’art « aux pieds légers », d’un écrivain-philosophe ou philosophe-écrivain désireux de faire partager ses opinions sur des objets relevant du domaine de la création. Oublier ces moments où se jouent des questions esthétiques essentielles (de la fréquentation des œuvres à leur évaluation par exemple) serait aussi passer à côté de Rosset.
Quant à la seconde coupe — l’autre chapitre soustrait à Tropiques —, elle porterait sur les pages consacrées à la joie et à son auxiliaire, la musique. Elles avaient placé le lecteur devant une situation nouvelle, en ce sens que Rosset ne tirait plus de conclusions sur le réel en général, à partir d’un ensemble d’objets artistiques circonscrits, mais y proposait une conception, nette et tranchée, de la musique accompagnée d’exemples si nécessaire. Concernant cet art, Rosset s’en explique à plusieurs reprises dans son œuvre ; il donne à réfléchir sur l’importance, ontologiquement parlant, qu’elle revêt pour lui dans une filiation à des auteurs comme Schopenhauer, Nietzsche et Jankélévitch. Omettre cet aspect de sa philosophie reviendrait à louper Rosset, à oublier ce qui, en la conduisant du côté de l’esthétique, en fait autre chose qu’une simple philosophie générale gagnée par le domaine de la psychologie.
C’est de ce triple jeu avec l’art et les arts que nous aimerions parler dans le cadre d’un colloque consacré à Rosset. C’est de cette complexité que nous aimerions débattre en prenant en considération l’ensemble de l’œuvre du philosophe, depuis La philosophie tragique jusqu’à L’endroit du paradis. Cela pour trois raisons : parce que la relation de Rosset à l’art et aux arts n’a guère été commentée jusqu’à présent ; parce qu’elle pose des problèmes théoriques importants (critique d’art, philosophie de l’art ou esthétique ?) ; enfin, parce qu’elle est constitutive d’une pensée (matérialiste s’il en est) qui avance avec elle en prenant, certes, des risques sur le plan académique, mais en devenant à son tour source d’inspiration. Auprès de qui ? Des philosophes amoureux des apparences et de la simplicité, pour qui l’art et les arts méritent d’être pensés selon des perspectives inhabituelles ou oubliées, et auprès d’artistes vivants qui, à différents niveaux de leur action, citent Rosset. Car plus nombreux qu’on ne l’imagine sont les hommes de théâtre, peintres, installateurs, cinéastes qui, aujourd’hui, se réclament de la philosophie rossetienne, comme si ce qu’elle énonçait, était devenu une nécessité. De cette filiation, nous aimerions également parler lors de cette manifestation en écoutant des artistes s’entretenir directement sur l’héritage que Rosset leur a légué.
Organisation
Ondine Bréaud-Holland, enseignante en philosophie esthétique/théorie de l’art, ESAP (MONACO), membre du CRHI
Carole Talon-Hugon, Professeur des Universités en philosophie, membre sénior de l’IUF, Directeur adjoint du CRHI