7-9 octobre 2021 - L'idée de la phénoménologie
Les jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 octobre 2021, le CRHI organise avec le soutien financier du Conseil Académique d'Université Côte d'Azur, un congrès intitulé « L’idée de la phénoménologie ». L'évènement est prévu en présentiel.
"L'IDÉE DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE"
Université Côte d'Azur
Du 7 au 9 octobre 2021
INTERVENANTS :
Paul AUDI, Renaud BARBARAS, Bruce BÉGOUT, Rudolf BERNET, Etienne BIMBENET, Philippe CABESTAN, Jean-François COURTINE, Françoise DASTUR, Natalie DEPRAZ, Emmanuel FALQUE, Grégori JEAN, Jean-François LAVIGNE, Jean-Luc MARION, Dominique PRADELLE, Camille RIQUIER, Claude ROMANO, Inga RÖMER, Alexander SCHNELL, François-David SEBBAH.
ARGUMENTAIRE :
Dans un passage fameux du § 2 de l’introduction des Méditations cartésiennes, Husserl appelait la communauté philosophique à se poser la question d’un possible « étude » en commun et des modalités d’une « collaboration » théorique effective, lors même qu’« il y a tant de philosophes et presque autant de philosophies ». Et il ajoutait, en une sentence devenue célèbre : « Nous avons bien encore des congrès philosophiques, les philosophes s’y rencontrent, mais malheureusement pas les philosophies » [1]. Or force est de constater, à près d’un siècle de distance, que ce diagnostic vaut désormais tout autant pour la phénoménologie elle-même, dont Husserl espérait pourtant, dans ce même paragraphe, qu’elle fournisse aux différentes écoles philosophiques « l’unité d’un espace spirituel où elles pourraient être les unes pour les autres » et « agir les unes pour les autres ». De fait, nous avons bien encore des congrès phénoménologiques lors desquels les phénoménologues se rencontrent, « mais malheureusement pas les phénoménologies ».
Une telle situation — qui conduisait D. Janicaud à parler de « phénoménologie éclatée » comme Husserl parlait lui-même d’ « éclatement de la philosophie » — n’est certes pas nécessairement à déplorer : la vitalité incontestable, en ce premier tiers du XXIe siècle, des recherches phénoménologiques d’expression française, tient peut-être à cette extrême diversité — non pas seulement des thèmes qui s’y trouvent « phénoménologiquement » abordés, mais aussi et sans doute surtout des paradigmes qui s’y trouvent mobilisés pour rendre ces abords possibles. Reste que cet éclatement comporte en lui-même le risque d’une dissolution telle que le terme même de « phénoménologie », dès lors qu’il n’aurait pas pour seule fonction de nommer un courant philosophique historiquement circonscrit mais, précisément, une manière déterminée et toujours actuelle de faire de la philosophie, ne serait finalement plus qu’un signifiant « flottant » comme tel purement équivoque. Qu’il y ait là un danger, c’est du reste ce dont témoigne le besoin, chez les historiens de la phénoménologie eux-mêmes, de rechercher sous cette évidente multiplicité un principe sous-jacent d’unification — l’on pense notamment aux travaux de B. Waldenfels puis de L. Tengelyi et H-D. Gondek sur « la phénoménologie en France »[2]. Mais les limites d’une telle démarche, dont la fécondité n’est en elle-même pas en cause, est de ne donner la parole à celles et ceux qui font cette histoire qu’après-coup — afin de vérifier s’ils se reconnaissent dans un miroir qui leur est ainsi présenté du dehors, et non pour qu’ils énoncent eux-mêmes ce qui à leurs yeux justifie qu’ils se présentent comme « phénoménologues »[3].
« L’idée de la phénoménologie » — c’est sous ce titre que, en 1907, Husserl décida de rendre publique, dans une série de Leçons demeurée célèbre, cette manière de faire de la philosophie dont il avait mûri les idées directrices depuis la publication du premier volume des Recherches logiques [4]. « L’idée de la phénoménologie » — c’est également sous ce titre que les intervenants de ce colloque, qui tous participent, depuis de nombreuses années, à l’actualité des recherches phénoménologiques, seront encouragés à présenter l’idée qu’ils se font de ce qu’ils font effectivement lorsqu’ils font ce qu’eux-mêmes nomment « de la phénoménologie ».
[1] E. Husserl, Méditations cartésiennes et les conférences de Paris, trad. fr. M. De Launay, Paris, PUF, « Epiméthée », 1994, p. 47.
[2] Voir B. Waldenfels, Phänomenologie in Frankreich, Berlin, Suhrkamp, 1986 ; H-D. Gondek et L. Tengelyi, Neue Phänomenologie in Frankreich, Berlin, Suhrkamp, 2011.
[3] Voir C. Sommer (éd.), Nouvelles phénoménologies en France, Paris, Hermann, « Rue de la Sorbonne », 2014.
[4] E. Husserl, L’idée de la phénoménologie. Cinq leçons, trad. fr. A. Lowit, Paris, PUF, « Épiméthée », 2010.