CRHI
Centre de Recherches en Histoire des Idées


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Université Nice Sophia Antipolis
UFR LASH
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BP 3209
 - 06204 Nice Cedex
04 93 37 53 06
Laurence.FULCONIS-LOTH[at]unice.fr
 
 

 

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Présentation du CRHI

Le Centre de Recherches en Histoires des Idées (CRHI, UPR 4318) est une équipe pluridisciplinaire fondée il y a une quarantaine d’années dans le cadre du Département de philosophie d'Université Côte d'Azur. Membre fondateur de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société – Sud-Est, le CRHI conduit des recherches qui s’inscrivent dans le champ de l’histoire des idées, entendue comme discipline transversale spécifique qui, au-delà de l’histoire de la philosophie, exclusivement conceptuelle, entend étudier les « idées », réalités que n’épuise pas l’analyse philosophique et dont l’étude présuppose l’exploration de plusieurs champs disciplinaires, historiques, scientifiques et techniques.

 

 

Pour son projet 2024-2029, le CRHI s'est ré-organisé en trois axes de recherche :

 

AXE 1 – État et justice sociale : Philosophie sociale et politique contemporaine & histoire des idées sociales et politiques

 

AXE 2  – Être et phénomène : ontologie, phénoménologie, anthropologie, esthétique, de la philosophie antique à la philosophie française contemporaine

 

AXE 3  – Éthique et politique des nouvelles technologies

 

À ces trois axes s’ajoute un AXE TRANSVERSAL « Épistémologie des savoirs / Histoire des sciences et des techniques », au sein duquel seront spécifiquement traitées les questions épistémologiques qui, relatives à l’histoire des sciences et des techniques ou aux nouvelles méthodologies employées, surgiront dans les trois axes thématiques. Il aura aussi pour vocation de porter cette exigence de transversalité au-delà des champs de recherches propres au laboratoire.

 

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Axe n°1

AXE N°1 - État et justice sociale

Philosophie sociale et politique contemporaine & histoire des idées sociales et politiques    

 

1/ Objet

L’axe 1 du CRHI déploie une interrogation de philosophie sociale, politique et juridique sur l’État social. Conformément à l’identité du laboratoire, les réflexions de philosophie politique normative contemporaine qui y sont menées, sur les fondements de l’État social ainsi que sur sur les principes de justice sociale, prennent appui sur l’histoire des idées sociales et politiques, mais une histoire des idées notamment renouvelée par les méthodes des humanités numériques et les approches féministes. Les transformations actuelles de l’État social et des systèmes de protection sociale font surgir un problème d’ordre philosophique.
 
La crise contemporaine de l’État social n’affecte pas seulement son organisation économique ou administrative, mais également – et plus radicalement – les fondements de la solidarité sociale et de la justice sociale qu’il organise sous forme de droits sociaux. L’axe 1 du CRHI, qui regroupe des travaux de philosophie politique sur la forme politique qu’est l’État et des travaux de philosophie sociale sur la justice, entend s’interroger sur ce que peut et doit être un État juste garant de droits politiques, mais aussi sociaux.
 

2/ Positionnement

L’État social a fait l’objet de travaux philosophiques récents – signalons, à titre d’exemples, les propositions de Pierre Rosanvallon en faveur d’un État actif-providence appuyé sur le développement de la citoyenneté sociale, les analyses de Nancy Fraser appelant à articuler politique de la reconnaissance et politique de la redistribution, celles d’Axel Honneth visant à émanciper le socialisme de l’industrialisme en pensant son fondement éthique, ou encore celles de Jürgen Habermas théorisant ce que pourrait être une Europe des peuples.  
 
Les recherches menées au sein de l’axe 1 du CRHI s’inscrivent dans ce domaine d’études en y apportant une contribution spécifique à quatre titres principaux. 
 
1/ Bien que conduisant une réflexion philosophique sur les inégalités sociales, les chercheurs de l’axe 1 défendent une approche différenciée et spécialisée des différents types d’inégalités sociales. Ainsi, par exemple, un ensemble de travaux, centrés autour du projet ANR PHILHERIT (Philosophie de l'héritage / Quels fondements normatifs pour une juste régulation de l'héritage ?), se concentrent sur ce type particulier d’inégalités sociales que sont les inégalités économiques liées à la naissance, institutionnalisées et reproduites par les transmissions successorales. Toujours dans cette perspective, des projets de recherche sont en cours de construction qui visent à interroger les enjeux écologiques contemporains à la lumière du mode de transmission de la propriété et entendent ainsi explorer les pistes actuelles d’expérimentation et de réflexion qui décèlent dans l’institution de l’héritage un outil possible de transformation écologique et de juste partage de la Terre entre différentes générations.
 
2/ Même si les recherches conduites dans l’axe 1 relèvent de la philosophie normative, elles n’adoptent pas, à la manière de certaines théories contemporaines de la justice, une démarche déductive partant des principes idéaux que la société devrait respecter pour pouvoir être dite juste et en déduisant les dispositifs institutionnels concrets qui en permettraient la réalisation. L’idée qui structure les recherches de l’axe 1 est qu’une telle démarche normative déductive demeure trop éloignée de la réalité sociale, économique et juridique qu’elle se propose de réformer. Elle manque en particulier la distorsion qui peut s’introduire entre les effets escomptés d’une proposition normative et ses effets réels une fois appliquée. Aussi les recherches de l’axe 1 entendent initier, à rebours des approches déductives et formalistes de la justice, une philosophie normative inductive et par là même « appliquée ». Il s’agit de partir des dispositifs institutionnels concrets, appréhendés dans leur historicité, dans leur technicité et dans leur matérialité et d’analyser les principes de justice qui les sous-tendent : par exemple, telle règle de dévolution successorale, telle pratique notariale déterminant son application, telle formule de calcul du droit à l’indemnisation chômage, tel article du Code de la propriété intellectuelle, tel mécanisme économique de détermination du prix « juste », telle politique pénitentiaire, etc. La philosophie normative appliquée que nous entendons initier est par là même une philosophie des sciences sociales, c’est- à-dire une philosophie qui se met à l’école de ce que les différentes sciences sociales nous apprennent de ces dispositifs institutionnels. C’est la raison pour laquelle les recherches de l’axe 1 appellent une forte interdisciplinarité et que ses membres entretiennent des relations de recherche étroites avec des chercheurs en économie, en droit, en histoire du droit, en science politique, en sociologie, et en histoire, d’autres laboratoires à Université Côte d’Azur et au-delà.
 
3/ La réflexion philosophique menée au sein de l’axe 1 sur l’État social et sur les principes de la justice sociale, tout en étant ancrée dans des questionnements contemporains, prend appui, selon une tradition propre au CRHI, sur l’histoire des idées, en particulier sur l’histoire des idées sociales et politiques des XVIIIe et XIXe siècles. Ainsi des travaux sont menés sur la généalogie du libéralisme économique, depuis Hume ou Smith jusqu’à Hayek ou Friedman, qui entendent interroger de manière critique la distinction conceptuelle contemporaine entre justice et justice sociale à l’aune de la distinction classique entre justice et bienveillance. Ainsi également, au sein du projet ANR PHILHERIT, les recherches normatives contemporaines entreprises, qui visent à introduire dans les théories contemporaines de la justice sociale la prise en compte des inégalités matérielles liées à la naissance, sont articulées à – et même prennent appui sur – une enquête archéologique exhumant les nombreuses pensées du XIXe siècle sur l’héritage, aujourd’hui largement oubliées.
 
C'est dans cette perspective que l'axe 1 du CRHI croise plusieurs des recherches entreprises au sein de l'axe 3. Ainsi du geste consistant à explorer les théories de la Justice (notamment autour de la figure de John Rawls) et leurs méthodes (notamment l’équilibre réfléchi) en rapport avec les éthiques et politiques du care — deux types d’approches classiquement considérés, à tort, comme opposées. Ces croisements permettent à la fois de resituer certains problèmes philosophiques classiquement ancrés dans le risque (par exemple sur les questions environnementales ou technologiques — comme dans le projet européen Miracle, porté par l’axe 3 du laboratoire, et qui s’appuie sur les éthiques du care pour réfléchir la santé algorithmique), et d’ouvrir autrement les perspectives du CRHI sur les questions des personnes minorisées en s’appuyant notamment sur les approches féministes, et sur la question des générations futures.
 
4/ Forts des réflexions sur l’histoire des idées, menées depuis plusieurs années au sein du CRHI, les membres de l’axe 1 pratiquent une histoire des idées sociales et politiques renouvelée, dans ses méthodes et dans ses résultats, par les humanités numériques. Soutenu par l’EUR CREATES et par l’Académie 5 de l’Idex d’Université Côte d’Azur, l’axe 1 du CRHI s'efforce d'articuler philosophie sociale et politique et humanités numériques. En particulier, dans le cadre du projet ANR PHILHERIT, au moyen de la construction d’une base de données textuelles comprenant 800 000 pages d’ouvrages numérisés sur Gallica traitant spécifiquement de l’héritage, au moyen de la constitution, en partenariat avec la Bibliothèque Nationale de France, d’une bibliothèque virtuelle des pensées de l’héritage, des nouvelles manières de faire de la philosophie politique sont en train d’émerger que nous nous efforçons de penser méthodologiquement et théoriquement.    
 

3/ Financements

Projets financés en cours :

- Projet ANR JCJC PHILHERIT - Philosophie de l'héritage / Quels fondements normatifs pour une juste régulation de l'héritage ? (Agence Nationale de la Recherche, 2022-2026)

- Partenariat Hubert Curien Tournesol Philosophie de l'héritage: du socialisme rationnel belge au basic capital (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères & MESRI, 2022-2023)

- Honorary Fair Inheritance Fellowship de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale de l’Université Catholique de Louvain

- Projet Réformer l’héritage aujourd’hui. Essai de cartographie dynamique (Académie 5 de l'Idex UCAjedi de l’Université Côte d’Azur, 2022-2023)

Projets financés passés :

- Projet LITTHERIT - Les conceptualisations de l’héritage dans la littérature française du XIXe siècle (financement d’un stage de recherche de 3 mois, EUR CREATES - Université Côte d’Azur, 2022)

- Projet Philosophie de l'héritage et humanités numériques (Académie 5 de l'Idex UCAjedi de l’Université Côte d’Azur, 2021-2022)

- Chaire d’excellence Reconsidering Inheritance du programme de Recherches Avancées – IDEX UCAjedi de l’Université Côte d’Azur  (2019-2021)

 

4/ Activités

- Workshops Penser l'héritage 

- Ateliers Philosophie du droit successoral aux congrès annuels de la Société française pour la philosophie et la théorie juridiques et politiques (SFPJ)

- Cycle de Journées d’études annuelles Philosopher en prison

 

5/ Partenariats nationaux et internationaux

- Convention Gallica – Marque blanche avec la Bibliothèque Nationale de France

- Partenariat de recherche avec le Centre de Théorie Politique de l’Université Libre de Bruxelles (Belgique)

- Partenariat de recherche avec la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale de l’Université Catholique de Louvain (Belgique)



Axe n°2

AXE N°2 - Être et phénomène

Ontologie, phénoménologie, anthropologie, esthétique : de la philosophie antique à la philosophie française contemporaine

 

1/ Objet 

La vitalité des recherches française actuelles en phénoménologie met la France au centre de l’attention de la communauté universitaire internationale attachée aux recherches phénoménologiques — et l’on parle désormais à l’étranger de « French phenomenology » comme on parle, pour désigner depuis les années 1970 la philosophie française post-structuraliste (Deleuze, Baudrillard, Foucault, Lyotard, etc.), de « French Theory ». Mais de fait, ce mouvement qu’un regard étranger saisit volontiers comme « unitaire » peine à se définir conceptuellement et, institutionnellement, à se fédérer sur un plan national — se diffractant dans les activités de différents centres de recherches éparpillés sur le territoire français.

Or l’hypothèse fédératrice qu’entendent développer les recherches menées dans cet axe est justement que l’originalité, la vitalité, la créativité, et finalement l’identité de la philosophie française contemporaine se décident et se jouent justement à l’intersection ou à la confluence de ces deux paradigmes — et dans la manière dont la french phenomenology et la french theory, que tout semblait séparer historiquement et conceptuellement, refluent l’une sur l’autre pour s’enrichir mutuellement et faire surgir, face aux problèmes auxquels se trouve confronté le monde contemporain, de nouvelles manière de les poser et d’y répondre.

 

1/ Le premier de ces problèmes — et la première hypothèse qui, ce faisant, structurera cet axe — tient à la manière dont, initialement issu des travaux menés par Bruno Latour et Michel Callon au milieu des années 1980 sur la théorie des acteurs-réseaux, le concept de « non humain », d’abord mobilisé en sociologie des sciences, s’est imposé à l’ensemble des champs de nos théories et de nos pratiques pour reconfigurer en profondeur la manière dont nous les réfléchissons, et est en passe de modifier jusqu’à notre « ontologie », ou notre « cosmologie » implicites. En ce sens, un premier objectif des recherches menées dans cet axe est de proposer une enquête conceptuelle destinée,  grâce aux outils de la French phenomenology et de la French Theory, à circonscrire un « moment de l’anhumain » ses enjeux du point de vue d’une approche transdisciplinaire du problème anthropologique contemporain. Car la thématique du « non humain » ne saurait être conçue comme le fruit de la découverte, par l’humanité, qu’il existe des entités qu’elle n’est pas — dont il serait nécessaire de reconnaître, pour des raisons théoriques ou éthiques, l’irréductible altérité. S’il est ici une découverte, comme l’a montré de manière définitive Philippe Descola en 2005 dans Par-delà nature et culture, elle pourrait bien, en réalité, signifier tout le contraire : les êtres humains ne sont ce qu’ils sont que dans la relation qu’ils entretiennent avec des non humains dont ils ne sont, justement, ni pratiquement ni ontologiquement séparés, et que seule cette séparation — cette grande coupure entre « nature » et « culture » supposée constitutive de la civilisation européenne depuis l’institution, au XVIIe siècle, de la science moderne — empêche de reconnaître comme tels. D’où le projet — proche en ce sens des cosmologies phénoménologiques contemporaines comme de l’ontologie deleuzienne des « multiplicités » — d’une philosophie « moniste » qui, chez Descola lui-même ou chez E. Viveiros de Castro, ne conduit nullement à la restriction du concept d’humanité, mais au contraire à son application à l’ensemble des « non humains » avec lesquels nous habitons conjointement, et ce faisant « humainement » la Terre — qu’il s’agisse des vivants (depuis les virus et les bactéries jusqu’à ce que nous nommons traditionnellement les « animaux ») ou des non-vivants (depuis les conditions « physico-chimiques » de notre écosystème jusqu’aux artefacts numériques qui de plus en plus le peuplent et avec lesquels nous ne cessons d’interagir). Aussi la thématique du non-humain ne signifie nullement un repli, mais au contraire une extension, en même temps qu’une redéfinition et qu’une redétermination, du concept d’humanité, lequel cesse de devenir un concept « substantiel » désignant tel ou tel existant (« l’être humain ») à l’exclusion des autres, mais comme un concept de relation permettant de les intégrer, ou mieux, un concept permettant de penser l’humanité avec ses autres sous ce que P. Descola nomme « l’humanité » non en tant qu’espèce, mais « en tant que condition » — révolution dont les enjeux sont donc tout autant, et sous le même rapport, anthropologiques qu’éthologiques — comme en témoignent par exemple les travaux déjà menés par Vanessa Nurock en éthique animale et environnementale.

 

2/ S’impose alors, et telle sera notre deuxième hypothèse, la nécessité de répéter de telles questions historiquement. Car si cette révolution intellectuelle ne désigne nullement la découverte, par l’homme, d’une hétérogénéité irréductible entre humains et non humains mais, tout au contraire, leur coexistence et leur commune appartenance à une même « condition », reste à expliquer en quoi et pourquoi une telle communauté se doit d’être « redécouverte » — et ce faisant, à déterminer le sens et les enjeux de leur apparente « séparation ». Or c’est sur ce point que le changement de paradigme que nous vivons doit être appréhendé avec une lucidité historique renouvelée : s’il est en effet aisé de nommer « Occident » le type de civilisation construit sur la séparation entre humains et non humains — et sur une séparation telle qu’elle aboutirait, en la justifiant, à la domination des premiers sur les seconds et, par récurrence et sur le fond d’un processus de déshumanisation de certains humains par d’autres, sur la domination de l’homme par l’homme ; s’il peut même être tentant de dater une telle séparation — qu’on se focalise, comme on le fait le plus souvent, sur l’avènement de ce que Husserl nommait les « sciences européennes », qu’on la fasse remonter, comme le proposait Heidegger, aux premiers commencements de la philosophie antique — reste qu’une telle approche pose elle-même un problème de principe. Car, pour reprendre le titre d’un ouvrage clé de B. Latour, nous-mêmes n’« avons jamais été modernes », nous-mêmes n’avons jamais vraiment ou complétement vécu conformément à l’institution symbolique du grand partage entre « nature » et « culture » dans lequel nous aurions unanimement pensé et réfléchi notre condition. Et ce faisant, la tradition philosophique européenne — y compris, et tel fut l’objet des premiers travaux de Latour sur le « laboratoire », dans sa dimension proprement scientifique —, a pour une bonne part pensé contre cette institution pour rendre justice à un tel vécu, et fut ainsi la seule à pouvoir penser cet écart entre vivre et connaître situé au cœur du changement de paradigme actuel — lequel trouve justement sa source dans une telle tradition, y compris aux yeux des penseurs qui n’y appartiennent pas et l’utilisent pour réfléchir leur différence. De ce point de vue, il n’est donc pas illégitime de penser que, loin de nous appeler à la congédier, elle s’inscrit en profondeur dans la tradition critique — c’est-à-dire auto-critique — de la pensée européenne, et peut et doit continuer d’y chercher des ressources — qu’un tel geste consiste en une approche renouvelée de ce qu’a, véritablement, signifié la « Modernité » ou qu’il s’inscrive plus en profondeur, dans le prolongement du geste sans doute plus contemporain, et issu de la tradition phénoménologique, de questionnement en retour de l’ensemble de notre tradition de pensée et sur ses premiers commencements : la philosophie antique — et singulièrement la philosophie antique de l’image.

 

3/ Or notre troisième hypothèse directrice — alimentée par les recherches menées, par l’écophénoménologie, sur notre inscription proprement sensible dans le monde — est que c’est justement autour de la question esthétique, et notamment du problème de l’imagination, de l’imaginaire et de l’image, que cet écart se manifeste le plus clairement — et acquiert lui-même sa propre histoire, depuis son traitement platonicien jusque dans ses répétitions les plus contemporaines situées au cœur de la philosophie française et de la double filiation dans laquelle nous nous inscrivons : la question du rapport entre apparaître et apparence dans la tradition phénoménologique, et celle du traitement du réel et du simulacre dans la tradition post-structuraliste. À cette double filiation, s’ajoute également un ancrage dans le renouveau français de la pensée de l’aisthesis, porté par une philosophie spécifiquement esthétique de l’épreuve faite face aux œuvres et pratiques.

Voilà pourquoi les recherches menées dans cet axe s’orienteront également dans trois directions :

- Une relecture de la théorisation et de la constitution de l’idée d’image dans la pensée antique et leur réception et héritages dans la théorisation contemporaine de l’image, avec une attention particulière à l’image cinématographique et à son traitement deleuzien.

- Une étude des ontologies de l’image portées dans les nouvelles technologies — et notamment dans le traitement que les games studies proposent de l’image vidéoludique à l’intersection des concepts de fiction, de jeu et de technique.

- Une réflexion sur l’imaginaire des gestes artistiques, techniques et artisanaux, et l’influence de cet imaginaire sur une phénoménologie de l’effort, destinée à repenser les liens entre le domaine esthétique et le domaine technique, contribuant ainsi à l’histoire de l’idée d’esthétique comme pensée autonome du sensible.

 

2/ Positionnement

De par sa longue et riche histoire, le CRHI possède déjà une place centrale dans le champ théorique que circonscrit ce deuxième axe de recherche. Il fut longtemps considéré comme un acteur central, en Europe, des recherches phénoménologiques. Dès les années 1970, Dominique Janicaud, élève et ami de Jean Beaufret, orienta le CRHI vers l’histoire de la phénoménologie française, dont il fut du reste un important protagoniste (voir l’ouvrage fondamental publié en deux volumes sous le titre : Heidegger en France, Albin Michel, 2001). Avec l’aide de Clément Rosset, de Daniel Charles, de Jean-François Mattéi puis de Françoise Dastur, il contribua alors à créer ce qu’il est encore convenu d’appeler l’« école de Nice », dont les contributions les plus importantes touchaient à trois dimensions dans lesquelles nous souhaitons inscrire nos recherches :

1/ Celle d’une circonscription de la philosophie française. De fait, l’un des moments les plus importants de l’école de Nice fut la publication, par D. Janicaud lui-même, du Tournant théologique de la phénoménologie française, dont le propre était justement d’évaluer le type de rupture que celle-ci, dans sa version la plus contemporaine, orchestrait avec la phénoménologie allemande, et le nouveau paradigme philosophique « francophone » qui était en passe d’émerger de cette rupture. D’un retentissement considérable, ces travaux, prolongés quelques années plus tard dans La phénoménologie éclatée, continuent d’exercer sur les historiens de la phénoménologie comme sur les phénoménologues eux-mêmes une influence tout à fait considérable.

2/ Celle d’une étude, profondément marquée par l’herméneutique phénoménologique, de la réception contemporaine de la philosophie antique et moderne dont J-F. Mattéi, avec ses travaux fondamentaux sur Platon, sur Nietzsche, mais aussi sur des auteurs contemporains comme Heidegger ou, sur un autre registre, Camus, a marqué toute une génération de philosophes français.

3/ Celle d’une esthétique située au croisement de la phénoménologie et du post-structuralisme — dans les travaux essentiels de Clément Rosset ou de Daniel Charles, prolongés à certains égards par ceux de Carole Talon-Hugon – qui défende en même temps une spécificité de la tradition conceptuelle esthétique ouverte par Baumgarten et Kant, dans la lignée des travaux de Marianne Massin, Baldine Saint-Girons ou encore Bernard Sève

Le CRHI bénéficie déjà d’une très grande visibilité dans ces champs de recherche, que nous entendons réactiver et consolider en travaillant à lui conférer une plus grande consistance et une plus incontestable cohérence.

 

3/ Partenariats

Partenariats académiques

Dans le contexte de cet axe 2, en lui-même très fortement interdisciplinaire (philosophie, études antiques, esthétique, histoire de l’art, études visuelles, études cinématographiques), le CRHI bénéficie aujourd’hui d’une stratégie partenariale solide et assurée.

Sur le plan des recherches phénoménologiques, le laboratoire a obtenu, en 2022, la création, auprès de l’Université Franco-Allemande, et la co-direction d’un collège doctoral franco-allemand, instituant ainsi un partenariat important entre l’Université Côte d’Azur et l’Université de Wuppertal. Intitulé « Nouvelles phénoménologies en France et en Allemagne », ce collège doctoral entend recenser et analyser les points de contact et de rupture entre les travaux des phénoménologues contemporains en France et en Allemagne, de façon à initier et/ou approfondir un dialogue implicite mais structurant pour les recherches phénoménologiques contemporaines, et permet l’organisation de workshops dans les deux universités partenaires, journées d’étude et colloques thématiques, écoles d’été, ateliers de traduction, aide à la mobilité des étudiants souhaitant effectuer des séjours de recherche à Nice ou à Wuppertal, aide à la rédaction et à la publication des recherches menées en commun et des travaux doctoraux.

Mais le CRHI collabore régulièrement avec d’autres structures de recherches situées en France (les Archives Husserl de Paris, l’association Alter, la Société Francophone de Phénoménologie, le Groupe de recherche et d’analyse des phénoménologies de Lyon, L’École Rouennaise de Phénoménologie) ou à l’étranger (l’Association Internationale de Phénoménologie, le Centre d’Études et de Recherches en Philosophies Contemporaines de l’Université Catholique de Louvain).

Sur le plan des recherches sur les réceptions contemporaines de la philosophie antique, et notamment de la pensée platonicienne, des partenariats ont été noués dans un contexte local : avec le CTEL, avec aussi avec la MSHS Sud-Est, et en particulier l’axe 5 — dont le CRHI dirige depuis de nombreuses années deux séminaires importants : le séminaire IVI (Idée, Vérité, Image) et le séminaire PHILIA (Philosophie et Littérature de l’Antiquité). Ces séminaires ont en outre permis au CRHI de nouer des partenariat avec l’INRIA (Sophia Antipolis), l’Institut de Physique de Nice (InPhyNi, CNRS), mais aussi, dans un contexte plus national et international, avec l’EHESS, l’Université Sorbonne nouvelle-USPC, la Goethe-Universität de Frankfurt Am Main, l’Ecole Normale Supérieure de Pise, l’université du Salento (Italie), le Centre André Chastel, Laboratoire de recherche en Histoire de l’art (Sorbonne Université –UMR 8150) et le Centre Léon Robin d’études sur la pensée antique (UMR 8061, placée sous la double tutelle de l'Université Paris-Sorbonne et du CNRS). Enfin, des recherches relatives aux réceptions contemporaines de l’histoire de la philosophie sont déjà menées, en partenariat avec le CUM, dans le cadre de la chaire J-F. Mattéi co-pilotée par le CRHI.

Sur le plan enfin de l’esthétique et des analyses contemporaines de l’image, le contexte de l’inscription dans l’EUR CREATES y est particulièrement favorable : des partenariat avec les nombreuses structures d’enseignement artistiques sont à l’étude (Villa Arson, Conservatoire National de Région, Pavillon Bosio, etc.) et un groupe de réflexion sur le geste et la créativité en passe d’être constitué avec le CTEL. À l’échelle nationale, des collaborations régulières avec le Centre Victor Basch (Sorbonne Université) sont prévues.

 

Partenariats socio-économiques
 
Le projet, par ses objets comme par l’articulation qu’il propose entre philosophie esthétique et philosophie de la technique est en phase avec la croissance générale de l’industrie ludique (jeux vidéo comme jeux de société) de ces quinze dernières années, et, puisqu’il entend fournir des outils pour comprendre toute la richesse sensible que cet engouement ludique amène, au-delà, d’ailleurs, du strict cadre des pratiques ludiques, il pourrait donner lieu à des partenariats socio-économiques.

 

4/ L'axe 2 au sein d'Université Côte d'Azur

Les projets portés par l’axe 2 répondent pleinement aux ambitions de l’Académie 5 « Homme, Idées et Environnement », et notamment :

A/ De son axe 1 (« Savoirs, Idées, langage, société »), dont l’un des objectifs centraux est de mettre en valeur les évolutions, dans le temps du sens, de la portée et des usages des catégories fondamentales de notre tradition de pensée ainsi que les révolutions paradigmatique qui les rendent possibles, mais aussi d’interroger le sens et les enjeux de l’avènement d’une « Société numérique », interrogation à laquelle les recherches sur l’esthétique des nouvelles images permettront de contribuer de manière significative.

B/ De son axe 3 (« Art, création, sciences – Art et santé »), lequel consiste notamment à circonscrire les enjeux sociétaux des nouvelles formes de cultures artistiques, ainsi que la portée proprement créative des nouvelles technologies.

Au-delà des Académies de l’Idex, les projets portés par l’axe 2 s’inscrivent largement dans le Programme Structurant Transdisciplinaire de l’établissement « Art et science ». Ils s’inscrivent également directement et de façon ample et pérenne dans l’axe 5 de la MSHS Sud-Est : « Histoire des Idées, des pratiques et des sciences », et ont, sur la base et dans le cadre du séminaire structurant « Arts, Philosophie , Image », contribué en très grande partie à la naissance et à la structuration même de cet axe 5, dont ils contribuent aujourd’hui encore à nourrir et porter les activités pour une part importante.

 

 

 

 

Axe n°3

AXE N°3 -  Éthique et politique des nouvelles technologies

 

1/ Objet

Les questions d’éthique et de politique des nouvelles technologies sont en plein développement, après avoir été négligées pendant des décennies au profit d’approches unilatéralement centrées sur leur acceptabilité sociale. L’axe 3 du CRHI entend contribuer à de tels questionnements dans au moins deux directions :

1/ Une « éthique du vivant et de l’artificiel »

Adossé à la chaire UNESCO EVA (https://univ-cotedazur.fr/chaire-unesco-eva/la-chaire-eva/presentation-generale), consacrée à l’analyse éthique et politique des évolutions récentes concernant le vivant et l’artificiel dans leur processus, et dont le propre est de considérer l’éthique comme un partenaire engagé tout au long de l’élaboration de ces processus d’innovation, cet axe de recherche pluridisciplinaire a pour quadruple objectif : a/ de développer de nouveaux outils théoriques en éthique à l’interface du vivant et de l’artificiel, et, en lien étroit avec les travaux menés dans l’axe 2, de réinterroger ces deux catégories ; b/ de développer de nouvelles pratiques, notamment cliniques, à l’interface du vivant et de l’artificiel ; c/ d’accroître la coopération entre monde de la recherche et société civile, ainsi que les acteurs politiques et économiques, notamment dans le cadre des échanges nord/sud ; et d/ de stimuler le développement pluraliste (notamment en termes de genres et de cultures) des nouvelles technologies.

2/ Une réflexion éthique et politique sur la « e-democracy »

Face à la crise profonde de la représentativité politique que connaissent les démocraties occidentales, le thème de la « e-democracy », qui connut une émergence timide au cours des années 1990, revient actuellement sur le devant de la scène médiatique française, à l’initiative de peuples ou des gouvernants eux-mêmes qui y voient parfois une solution magique aux problèmes d’abstentionnisme, d’autoritarisme, d’opacité dans les processus de décision ou de fraude électorale. Toutefois, elle ne bénéficie pas en France — au contraire de ce qui se passe dans certains pays anglo-saxons — d’une réelle expertise. La littérature scientifique française est en effet davantage construite par des journalistes que par des chercheurs — dont la lecture répond plus à des préoccupations idéologiques qu’à la nécessité d’interroger, de manière à la fois plus large et plus précise, le devenir de la démocratie à l’ère de la transformation digitale, dans ses enjeux certes techniques ou « instrumentaux » — liés à ses conditions d’application —, mais aussi éthiques et politiques : la neutralité de l’Internet, le changement des modes de communication, l’accès du citoyen à l’information (fake news), la participation et l’inclusion aux processus de délibération, etc.

 

2/ Positionnement

Conformément à son intitulé, l’originalité du positionnement des recherches menées dans l’axe 3 du CRHI tient fondamentalement au souci d’appréhender, de manière pluridisciplinaire, les nouvelles technologies sous un angle éthique et politique. Il ne s’agit donc pas — en tout cas pas seulement —, d’une approche épistémologique des révolutions auxquelles nous sommes confrontées — déplacement des frontières entre le vivant et de l’artificiel et de la redétermination mouvantes des termes de cette relation, digitalisation de nos pratiques —, mais d’une tentative d’étudier, pour les comprendre mais aussi les discuter de manière critique, le sens et les enjeux des révolutions pour les sociétés humaines qui en sont le théâtre — afin de déterminer la façon dont il les conduit à réformer et à réinventer les idées et les catégories dans lesquelles elles se réfléchissent, les discours et les œuvres dans lesquels elles se pensent, les formes, les artefacts et les techniques dans et par lesquelles elles s’expriment et font, à toutes les époques, émerger une culture nouvelle. Ce faisant, cet axe de recherche n’entend pas tant couvrir un nouveau champ — ou un nouvel objet — d’investigation, qu’instituer une nouvelle manière de reposer une pluralité de problèmes qui sont au cœur de nos sociétés, avec la conviction qu’elles ne se définissent pas tant par leur capacité à se maintenir dans leurs identités supposées fixes, mais par le dynamisme de leur créativité constitutive — qu’il s’agisse justement pour elles de se saisir de nouvelles thématiques issues d’une évolution des sciences, des arts ou des techniques, ou d’inventer de nouvelles manières de se saisir d’objets ou de pratiques plus traditionnels.

 

3/ Partenariats

Sur le plan national et international, cet axe bénéficie déjà de nombreux partenariats, qui devront être à la fois pérennisés, renforcés et étendus :

1/ La Chaire EVA rassemble trois institutions : UCA, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’INSERM. Elle est par ailleurs partie prenante de l’IRCAI (International Research Center on Artificial Intelligence labellisé par l’UNESCO à Ljubjana) dont elle pilote le groupe de travail éthique. Le CRHI est, par ce biais, déjà engagé dans deux projets internationaux de pointe : le projet « Descartes » — projet franco-singapourien sur l’éthique de l’IA qui intègre également des spécialistes reconnu.e.s d’autre pays (par exemple, le WP6 piloté par le CRHI intègre une philosophe canadienne) —, et le projet européen « Miracle », consacré à l’éthique de la santé algorithmique et qui fédère des universités et des institutions italiennes, espagnoles et allemandes. Il est également engagé dans le projet ANR CulturIA, le projet franco-japonais « Personalized Medicine and Data. Technologies, Welfare System, and Ethical Issues », et collabore également activement avec l’UNESCO sur l’implémentation de la recommandation sur l’éthique de l’IA.

2/ Le terreau local s’avère également extrêmement fertile pour le développement des recherches sur les enjeux démocratiques des nouvelles technologies qui, dans la lignée de trois projets européens portés par le laboratoire durant le précédent contrat — Programme européen INTERREG ChIMERA (creative and cultural industries), Programme européen CHIMERA+, Programme européen « Pays capables » —, implique déjà des universités italiennes, anglaises et américaines. L’un des enjeux sera de trouver des ressources techniques et financières — dans le cadre plus spécifique d’un appel à projet national ou européen — pour la création d’une plateforme fédérative.

 

4/ L'axe 3 au sein d'Université Côte d'Azur

Sur le plan de son inscription dans l’EUR Creates, l’objectif de cet axe est de nouer différents partenariats avec les laboratoires qui y sont rattachés — par exemple autour du projet de recherche CulturIA, financé par l’Agence Nationale de la Recherche, qui se propose de développer une approche culturelle de l’Intelligence Artificielle (IA) — et, en raison de ses perspectives directrices — les pratiques démocratiques, l’étude des libertés et des déterminismes, les études de genre, les éthiques du care —, de renforcer certains axes de recherche existant en suscitant en son sein de nouvelles collaborations. 

Plus largement, ce nouvel axe de recherche s’inscrit parfaitement dans l’écosystème de notre Université — rappelons qu’UCA est l’un des 4 centres IA français, ce qui offre un contexte particulièrement favorable aux recherches en éthique de l’IA — de sorte que l’environnement universitaire local est très fertile sur toute question qui concerne l’application des nouvelles technologies (INRIA, en particulier, I3S, 3IA) et devrait ainsi permettre de nouer de nombreux partenariats et de répondre à une pluralité d’exigences.

Sur le plan de la stratégie de l’établissement, cet axe de recherche pourra ainsi contribuer à faire d’Université Côte d’Azur un centre internationalement reconnu en matière de sciences du numérique et d’intelligence artificielle, en lien avec les politiques de site et nationale. Il se trouve, de fait, à l’intersection de plusieurs programmes structurants d’UCA : de par sa contribution éthique et politique à la question du rapport entre santé et nouvelles technologies, il s’inscrit pleinement dans le programme « Environnement Santé, Citoyen » ; de par l’analyse critique qu’il propose de la colonisation, par les sciences et les pratiques du numérique, de l’ensemble de nos existences individuelles et sociales, il répond pleinement aux exigences formulées dans le programme « Sciences Numériques, Société et Individu » — et, dans sa lignée, aux axes « Homme, Idées et Milieux » et « Réseaux, Information et Société numérique » des académies 1 et 5 de l’Idex ainsi qu’à l’axe 2 de la MSH Sud-EST « Technologies numériques, communautés et usages » ; enfin, en raison des recherches qui y sont menées sur l’interface vivant/artificiel, il pourra apporter une contribution significative au programme « Modélisation, physique et mathématique du vivant », et à l’axe « Complexité et Diversité du Vivant » porté par l’Académie 4 de l’Idex.

 

 

Axe transversal - Épistémologie

AXE TRANSVERSAL -  Épistémologie et histoire des savoirs, des sciences et des techniques  

 

1/ Présentation

Le CRHI entend se doter, pour le prochain contrat, d’un axe « transversal » destiné à traiter spécifiquement les problèmes épistémologiques qui surgiront dans les trois axes thématiques — qu’ils touchent à la théorie de la connaissance comme telle ou à tel ou tel moment de l’histoire des sciences et des techniques susceptibles d’éclairer les nouvelles méthodologies employées. Le terme d’« épistémologie » sera donc ici entendu en un sens large, pour désigner les différentes formes d’interrogations sur la connaissance, relativement par exemple à sa méthodologie, à l’analyse conceptuelle de la production de la connaissance scientifique, à l’histoire des concepts, des idées et des techniques, mais aussi aux enjeux éthiques de la recherche scientifique, aux rapports entre science et société, etc. En outre, les travaux qui seront ici conduits porteront à la fois sur les sciences de la nature (la physique, la chimie), sur les sciences pures (mathématique, logique), mais aussi sur les sciences humaines et sociales (la sociologie, l’économie, par exemple).

Cet axe, porté par le laboratoire mais par nature interdisciplinaire, pourra s’appuyer sur une série de collaborations déjà existantes : le CRHI a depuis longtemps noué, dans ce domaine, des partenariats privilégiés avec les laboratoires membres de la MSH Sud-Est — et se trouve notamment porteur de deux séminaires structurants de son axe 5 (Le séminaire HImaST : Histoire de l’imaginaire scientifique et technique, dirigé par Jean-Luc Gautero), et le Séminaire « Histoire et philosophie des sciences » (co-dirigé par Frédéric Patras et Sébastien Poinat), tous deux pluridisciplinaires de par leurs objets et leurs partenariats (CHRI, LJAD, MSHS). Mais il a également l’ambition d’exporter ses méthodes d’analyse et ses domaines d’expertise au-delà des travaux spécifiquement menés au CRHI — et portera, via trois de ses membres (C. Bracco, F. Patras, S. Poinat), le projet de création, au sein d’UCA, d’un Institut Fédératif de Recherche en Épistémologie (IFRÉ), qui aurait pour vocation de fédérer les activités dans le domaine de l’épistémologie.

 

2/ Le projet d’une recherche transversale au sein d’un Institut Fédératif de Recherche en Épistémologie

Au sein d’Université Côte d’Azur, des activités de recherche, ou d’enseignement, ou de diffusion du savoir sont menées dans le domaine de l’épistémologie, mais de la part d’enseignants-chercheurs répartis dans différents laboratoires sans qu’aucun lieu institutionnel au sein d’UCA ne les rassemble tous. Certains laboratoires comportent des équipes ou des axes de recherche entièrement dédiés à des questions d’épistémologie (le GREDEG, par exemple, comporte une équipe spécialisée dans l’histoire de la pensée), mais aucun laboratoire ne s’y concentre exclusivement. Les recherches en épistémologie se mènent ainsi conformément aux séparations disciplinaires (l’épistémologie des mathématiques est principalement traitée dans le laboratoire de mathématique, celle de la sociologie, dans le laboratoire de sociologie, etc.) Certes, certaines structures pluridisciplinaires sont de nature à accueillir des travaux d’épistémologie portant sur plusieurs disciplines. Ainsi, plusieurs projets de cette nature ont été soutenus par les différentes Académies ou par la MSHS. Toutefois, outre qu’elles ne sont pas dédiées uniquement à ce type de recherches, elles possèdent toutes un périmètre thématique propre qui les empêche d’accueillir tous les travaux en épistémologie. Au sein d’UCA, il n’existe donc pas de structure susceptible d’accueillir toutes les activités dans le domaine.

Disposer d’une structure transversale permettant de fédérer ces différentes activités présenterait plusieurs avantages :

1/ Donner davantage de visibilité à des travaux qui souffrent de leur dispersion dans les différents laboratoires — l’épistémologie étant un domaine transversal qui ne correspond pas à la structuration en disciplines du champ académique et gagne à s’en affranchir.

2/ Rendre plus poreuse la séparation de fait entre le domaine des sciences « dures » (mathématiques, sciences de la nature, informatique) et des sciences humaines et sociales, pour aboutir à une « épistémologie du savoir » du général. 

3/ Susciter, ce faisant, de nouveaux projets — en organisant des rencontres et des échanges entre chercheurs parfois éloignés, en permettant des comparaisons entre disciplines qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, un site commun abritant les travaux en épistémologie pourrait permettre l’émergence de nouvelles activités, d’abord dans le domaine de la recherche, mais aussi dans celui de la diffusion auprès du grand public, et celui de l’enseignement.

De ce fait, le projet porté par l’axe transversal du CRHI pourra s’organiser autour de thématiques structurantes, avec une attention toute particulière aux axes de développement d’UCA : Programmes Structurants Transdisciplinaires de l’établissement (« interactions sociales et dynamiques complexes », « Sciences des données », « Sciences numériques, Société et Individu », « Système cognitif, normalité et pathologie du cerveau humain, neurosciences computationnelles »), Académie 2 (« systèmes complexes », Académie 5 (« Homme, idées, milieux »), axe 5 de la MSH). De ce point de vue, les travaux menés ces dernières années, au sein de la MSH, sur la notion d’incertitude, sont représentatifs d’une telle démarche, mais d’autres recherches pourront être menées sur l’émergence et la complexité, l’expérience, entre cognition et neurosciences, ou l’intelligence artificielle et ses modélisations.

 

 

 

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Organisation

STATUTS DU LABORATOIRE

CENTRE DE RECHERCHES EN HISTOIRE DES IDÉES
ÉQUIPE D’ACCUEIL 4318

 

TITRE I : But et fonctionnement

Article 1. Le Centre de Recherches en Histoire des Idées (CRHI) est une équipe d’accueil de l’Université de Nice-Sophia Antipolis, référencée EA 4318, membre fondateur de la Maison des Sciences de l’Homme – Sud-Est de Nice.  Il a pour mission les activités suivantes : 1. Recherches pluridisciplinaires et transdisciplinaires en philosophie et en épistémologie dans une perspective d’histoire des idées ; 2. Contribution à un enseignement scientifique de haut niveau en philosophie et à la formation pour la recherche et par la recherche ; 3. Valorisation et transfert des résultats de la recherche, en particulier par la revue Noèsis ; 4.Information scientifique et technique.

Article 2. Le CRHI est dirigé par un Directeur secondé de deux Directeurs adjoints, l’un de rang A, l’autre de rang B. Ils sont assistés par un Conseil de Laboratoire.

TITRE II : La Direction

Article 3. Le Directeur est élu parmi les enseignants-chercheurs et les chercheurs titulaires du laboratoire par le Conseil de laboratoire. La durée de son mandat est de quatre ans, renouvelable une fois. Le Directeur propose au Conseil de laboratoire les noms des Directeurs adjoints sur lesquels le Conseil de laboratoire est amené à voter. Leur mandat est de quatre ans. Le Directeur assure la Direction scientifique, administrative et financière du laboratoire. Il convoque le Conseil de Laboratoire, en prépare les ordres du jour et en assure la présidence. Il rédige tous les deux ans un rapport d’activité.

TITRE III. Le Conseil de laboratoire

Article 4. Le Conseil de laboratoire du CRHI comprend 1) l’ensemble des enseignants-chercheurs et chercheurs titulaires et contractuels rattachés à titre principal au laboratoire, 2) un représentant élu du personnel administratif et de bibliothèque du Laboratoire, 3) deux représentants élus des doctorants inscrits au Laboratoire. Les membres associés, c’est-à-dire rattachés à titre secondaire au Laboratoire participent, sans voix délibérative, aux réunions du Conseil de Laboratoire et aux Assemblées générales.

Article 5. Les élections au Conseil de laboratoire ont lieu au suffrage direct et au scrutin uninominal à 2 tours. Tout électeur dans un des corps concernés est éligible.  Tout membre du Conseil démissionnaire ou quittant le Laboratoire cesse de faire partie de ce Conseil. Il est, pour les membres élus, remplacé dans un délai de quatre mois par voie d’élection pour la durée du mandat restant à couvrir. Les procurations pour le vote sont acceptées dans la limite d’une par porteur.

Article 6. La durée du mandat des membres élus du Conseil de laboratoire est de 2 ans.

Article 7. Le Conseil de Laboratoire est consulté par le Directeur sur les activités de recherches ; l’activité éditoriale de la revue Noèsis ; la politique de formation par la recherche ; les actions de formation du Laboratoire ; le projet de budget du Laboratoire et la répartition des moyens qui lui sont attribués ; la participation du Laboratoire à des réseaux, actions incitatives, programmes et contrats de recherches. Le Conseil examine les demandes d’adhésion et d’association, qui se font à titre individuel.

Article 8. Le Conseil de laboratoire est tenu informé par le Directeur des travaux et des orientations de la Maison des Sciences de l’Homme-Sud Est de Nice, de l’École doctorale SHS de l’Université de Nice-Sophia Antipolis, et plus généralement de la politique scientifique de l’Université de Nice-Sophia Antipolis.

Article 9. Le Conseil de laboratoire est présidé par le Directeur. Il se réunit au moins quatre fois par an. Il est convoqué par son Directeur, soit à l’initiative de celui-ci, soit à la demande du tiers de ses membres. Le Directeur arrête l’ordre du jour de chaque séance : celui-ci comporte toute question relevant de la compétence du Conseil de laboratoire, inscrite à l’initiative du directeur ou demandée par plus d’un tiers des membres du conseil. Le Conseil peut entendre, sur invitation du directeur, toute personne participant aux travaux du laboratoire, ou appelée à titre d’expert sur un point de l’ordre du jour. Le Directeur établit, signe et assure la diffusion du compte rendu de chacune des séances

Article 10. Le nombre de procurations pour les réunions du Conseil de laboratoire est limité à deux par personne. Ces procurations doivent parvenir sous forme électronique ou postale au Directeur avant la réunion du Conseil ou être apportées en séance par le mandataire.

TITRE IV. Assemblée générale

Article 10. L'Assemblée générale des membres du laboratoire est réunie au moins une fois par an. Elle se réunit à la demande du Directeur ou à celle d'un tiers des membres du Conseil de laboratoire. Elle se compose des enseignants-chercheurs et chercheurs rattachés à titre principal ou secondaire au laboratoire, de l’ensemble du personnel administratif et de bibliothèque du Laboratoire et de l’ensemble des doctorants du laboratoire.

Article 11. Les représentants élus des doctorants au Conseil de laboratoire sont chargés de réunir au moins une fois par an l’ensemble des doctorants du laboratoire.

TITRE V : Modification des statuts

Article 12. La modification des statuts, sur proposition du Directeur ou d’un tiers des membres du laboratoire, est adoptée à la majorité des deux tiers des membres du Conseil du laboratoire.

TITRE VI : Destitution du directeur

Article 13. Le Directeur peut être destitué à tout moment par un vote à la majorité des deux tiers des membres du Conseil du laboratoire.

Statuts adoptés en Conseil de laboratoire le 17 décembre 2013

 

 

 

 

29-31 janvier 2015 - La construction européenne et ses apories

La construction européenne et ses apories

Maison des Sciences de l’Homme et de la Société Sud-Est
3, boulevard François Mitterrand, Nice
Bâtiment de l’Horloge, rez-de-chaussée, salle plate/amphi 031

Colloque international organisé par la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société du Sud-Est,  dans le cadre de son axe 3 « L’Europe et ses « Autres » », en coopération avec le Cercle Philosophique Clio, le Centre de Recherche d’Histoire des Idées (CRHI), le Centre d’Histoire de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (CMMC) et avec le soutien du Cercle Condorcet et de la Ligue Française de l’Enseignement.

Jeudi 9 février 2017 - Société de phénoménologie clinique et de daseinsanalyse de Nice - Conférence de G. Jean

Le Jeudi 9 Février 2017 à 20h, la Société de phénoménologie clinique et de daseinsanalyse de Nice accueille Grégori JEAN (MCF, Université de Nice) pour une conférence intitulée : "La sensualité comme fondement d’une autre phénoménologie de l’intersubjectivité". La conférence aura lieu en salle ED4/5 de la Faculté de Médecine. 


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30 mars 2017 - Soutenance de thèse de J.-P. Sumey

Jean-Paul Sumey soutiendra le jeudi 30 mars 2017 à partir de 13h en salle des conseils de l'UFR LASH (98 bd Edouard Herriot 06000 Nice) sa thèse de doctorat en philosophie, préparée dans le cadre du CRHI (Université Côte d'Azur) et intitulée : "La politique de la liberté selon Hannah Arendt et la démocratie à vocation giaminisante".


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